« LE ROBOT N'A PAS FAIT EXPLOSER NOS COÛTS ALIMENTAIRES »
AVEC L'ARRIVÉE DU ROBOT, LE GAEC DES TROIS COMMUNES A GAGNÉ EN PRODUCTION SANS AUGMENTER SES COÛTS. AVEC CINQ VACHES EN MOINS, IL PRODUIT 40 000 L DE LAIT EN PLUS.
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SOUVENT ENREGISTRÉE LORS DU PASSAGE AU ROBOT, l'augmentation des coûts de concentrés n'est pas une fatalité. Témoin l'expérience de Laurent Bièvre, dans la Bresse (Saône-et-Loire). Seize ans après son association avec son oncle Gilbert, cet éleveur a franchi une nouvelle étape en installant un robot de traite l'été dernier(1). « La stabulation en logettes sur caillebotis (60 places) construite l'année de mon installation, en 1994, était payée », précise Laurent. Investir 140 000 € sur les neuf prochaines années semblait économiquement raisonnable, alors que se profilait la perspective du départ à la retraite de son oncle, âgé de 59 ans. « À terme, nous serons deux : ma femme et moi. » Elle a arrêté l'atelier de volailles de Bresse qu'elle gérait en propre en dehors de l'exploitation, et a été embauchée par le Gaec. Passionné par l'élevage, Laurent est également attiré par les nouveautés technologiques. Huit mois après l'installation du robot, il est satisfait. Malgré l'augmentation importante de la production laitière (1 000 kg/vache), les coûts alimentaires n'ont pas dérapé. La ration distribuée coûtait 108 €/1 000 kg de lait en janvier 2012 et 110 € le mois suivant. Un niveau comparable à ceux des élevages de la région en système maïs-herbe non robotisés.
« LA COMPLÉMENTATION EST DÉSORMAIS DISTRIBUÉE AU DAC »
Le tourteau, autrefois intégré à la ration mélangée à raison de 1,5 kg/VL/j, est désormais distribué sous forme de granulés au robot. La présence de drèches et la qualité de l'ensilage d'herbe incorporé dans la ration de base le permettent. La ration mélangée distribuée à l'auge se compose aujourd'hui de 30 kg d'ensilage maïs, 9 kg d'ensilage d'herbe (en 2011, ce RGI de très bonne qualité titrait 106 g de PDIN par kg de MS), 6 kg de drèches de brasserie à 30 % de MS, 2,8 kg de foin, 0,9 kg d'orge, 230 g de minéral, 60 g bicarbonate de soude, 80 g de carbonate, et 80 g de sel. Elle couvre 27 kg de lait, soit 5 à 6 kg de moins que la moyenne du troupeau. Très légèrement déséquilibrée (0,90 UFL, 80 g de PDIN et 82 g de PDIE par kg de MS), la ration à l'auge incite les vaches à aller au robot. Le correcteur est distribué à tous les animaux mais sans renchérir le coût. A partir de 30 kg de lait, une VL 25 y est distribuée par tranche de 3 kg. Les meilleures laitières reçoivent au plus 2,1 kg de tourteau et 7 kg de VL. Sur janvier et février 2012, la quantité de concentrés au litre de lait produit s'élevait autour de 125 g. Un niveau lié à la qualité des fourrages récoltés et conservés dans des silos bien tassés et confectionnés avec soin. « Pour le maïs, je choisis des variétés particulièrement digestibles telles que HDI, de Limagrain. »
« NOUS SURVEILLONS MIEUX NOS VACHES »
Avec l'installation du robot, les résultats techniques ont progressé. Avec une fréquence de 2,8 traites, la moyenne laitière a fortement augmenté : de 7 670 kg de lait/VL/an avec 42,4 de TB et 32,9 de TP en 2010, elle est passée à 8 669 kg en 2011 (42 de TB et 32 de TP). « La baisse de TP est liée à l'effet de dilution », note Pauline Blondeau, de Conseil d'élevage de Saône-et-Loire. Alors que les départs de lactation des multipares se situaient autrefois autour de 35 kg de lait, ils s'établissent à 41-42 kg. Le potentiel génétique du troupeau est mieux exploité, les pics de lactation s'expriment mieux et les vaches sont en état.
La moyenne cellulaire est restée stable (298 000 cellules en 2010 au CL, 286 000 un an plus tard), sans réforme particulière. L'acquisition d'un robot racleur Discovery contribue à réduire l'humidité et améliore la propreté des caillebotis et, par conséquent, des logettes sur tapis. Le nombre de mammites s'est réduit. « D'une ou deux par semaine, nous sommes à une ou deux par mois. » Tous les matins, Laurent épluche les données du robot. « Je me suis aussi fait un tableau avec les quantités et la température du lait. Pour les deux mammites récentes, j'ai ainsi observé que la température était montée au-dessus de 40°C lors de la traite précédente. C'est un repère qui m'aide à mieux surveiller mes vaches. »
« LES CURSEURS AU VERT »
Dans l'élevage robotisé, la plupart des curseurs sont au vert. « Il n'y a pas de symptôme de vache en acidose ni de problème de pattes. » L'élevage ne fait pas de parage systématique, mais intervient au cas par cas. En gagnant du lait, Laurent n'a pas détérioré les résultats de reproduction. « Alors que les vêlages sont concentrés sur l'automne, nous tournons autour de 1,5 à 1,6 IA/IA fécondante. Depuis l'arrivée du robot, nous surveillons mieux nos bêtes, d'où les meilleurs résultats de fécondité. Nous voyons nos vaches en chaleur avant le robot. Nous inséminons moins tôt, rarement avant 90 jours. »
À l'avenir, Laurent compte peaufiner sa ration. « Avec Saône-et-Loire Conseil élevage, nous avons choisi, lors de la mise en route du robot, de faire une ration sûre. À cet effet, nous avons volontairement bridé les vaches en début de lactation (quarante premiers jours).
Maintenant, nous les débridons progressivement en donnant plus de tourteau et moins de VL. Nous fractionnons les quantités. Avec le robot et le logiciel, nous suivons vache par vache en permanence. Nous savons ce que chacune mange et combien ça coûte, alors qu'autrefois nous ne disposions que des données mensuelles du contrôle laitier. »
ANNE BRÉHIER
* L'exploitation a reçu 51 000 l de quotas supplémentaires pour accompagner l'investissement.
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